« Je suis médecin et je vous le dis : ce produit est responsable d’une partie des cancers du pancréas »
Posted 31 juillet 2025 by: Admin
Souvent silencieux jusqu’à un stade avancé, le cancer du pancréas est l’un des plus redoutables. En France, il progresse aujourd’hui deux fois plus vite que dans le reste de l’Europe. Si le tabac et le diabète sont bien connus des médecins, une autre cause plus insidieuse est pointée du doigt : l’exposition généralisée aux pesticides, notamment à travers un ennemi invisible et omniprésent — le cadmium.
Une progression alarmante en France
Avec plus de 16 000 nouveaux cas en 2023, le cancer du pancréas ne cesse de gagner du terrain. D’après Santé Publique France, le taux de progression annuel atteint 3 %, un record en Europe. Ce chiffre inquiète les spécialistes, d’autant que la mortalité liée à ce type de cancer reste extrêmement élevée. En ligne de mire : des facteurs bien identifiés comme le tabac, l’obésité et le diabète, mais aussi des causes environnementales longtemps négligées.
Le rôle des pesticides confirmé par une vaste étude européenne
Une étude du European Journal of Epidemiology tire la sonnette d’alarme. En analysant plus de 130 000 cas de cancer du pancréas sur dix ans, les chercheurs établissent un lien direct entre l’usage agricole des pesticides et l’augmentation des cas de cancer. Leur conclusion est sans appel : une hausse de 2,6 kg de pesticides par hectare en onze ans est associée à une hausse de 1,3 % du risque de cancer dans la population locale. Autrement dit, vivre près de cultures intensives expose directement à un risque accru.
Le cadmium : un poison discret dans notre assiette
Parmi les substances les plus préoccupantes figure le cadmium, un métal lourd utilisé dans les engrais phosphatés. Présent dans les sols, il s’infiltre ensuite dans notre alimentation quotidienne, explique le nutritionniste Dr Arnaud Cocaul. Et la liste est longue : pâtes, pommes de terre, biscuits, chocolats, barres de céréales, légumes, crustacés, abats… Autant de produits que l’on consomme sans méfiance, mais qui peuvent contenir des doses significatives de cadmium.
Ce polluant éternel affecte principalement les reins, les os et les poumons, mais il est désormais désigné comme un facteur de risque majeur pour le cancer du pancréas. Selon les auteurs de l’étude, 99 % des Français sont exposés à ces substances toxiques, y compris des pesticides controversés comme le glyphosate ou le mancozèbe.
Des enfants particulièrement exposés
Le Dr Cocaul alerte aussi sur la vulnérabilité des plus jeunes. Selon lui, 36 % des enfants de moins de trois ans dépassent les doses journalières admissibles de cadmium, ce qui pourrait avoir des conséquences durables sur leur santé future. Une exposition chronique, dès le plus jeune âge, pourrait favoriser des pathologies graves à l’âge adulte, dont certains cancers.
Le bio comme rempart… encore marginal
Face à cette contamination diffuse, la solution passe par l’alimentation. Le Dr Cocaul encourage à privilégier les produits issus de l’agriculture biologique, qui n’utilisent ni engrais phosphatés, ni pesticides chimiques. Il insiste aussi sur l’importance de l’origine des aliments : par exemple, les pâtes italiennes sont considérées comme plus sûres que les françaises, produites avec des engrais marocains particulièrement riches en cadmium, selon un rapport de Reporterre.
Les médecins sonnent l’alerte, les autorités restent timides
En juin 2025, les médecins libéraux ont adressé un signal fort aux pouvoirs publics, appelant à une réforme de fond sur les pratiques agricoles et les normes d’exposition. Mais les pressions des lobbies industriels ralentissent toute évolution, déplore le Dr Cocaul : « En France, dès qu’on touche à l’agrochimie, les intérêts économiques passent avant la santé publique. »
Un enjeu sanitaire national
La progression fulgurante du cancer du pancréas en France n’est pas une fatalité. Elle reflète aussi un retard dans les politiques de prévention environnementale, et l’insuffisance d’une législation protectrice face à des substances pourtant classées à risque. Pour de nombreux experts, agir sur l’origine du problème, notamment les engrais polluants, serait un levier majeur de santé publique.
