Cancer du foie : Plus on est précaire et moins bien on est soigné, selon une étude

Posted 9 septembre 2025 by: Admin
En France, l’égalité face aux soins reste un défi majeur. Une vaste étude vient de démontrer que les patients atteints d’un cancer du foie issus de milieux défavorisés ont moins accès aux traitements curatifs et présentent un risque de décès plus élevé que ceux issus de catégories sociales favorisées. Un constat qui met en lumière une fracture sanitaire persistante.
Parue le 5 septembre dans la revue JHEP Reports, l’étude repose sur l’analyse de 62 351 dossiers de patients adultes atteints d’un cancer du foie primitif entre 2017 et 2021. Cette forme de cancer, qui prend naissance directement dans le foie, figure parmi les plus meurtriers au monde, représentant la troisième cause de décès par cancer. Près de la moitié des patients étudiés provenaient de milieux défavorisés, évalués selon le chômage, le revenu, le niveau d’éducation ou la profession exercée.
Moins de traitements curatifs, plus de décès
Les résultats révèlent une situation alarmante : les malades défavorisés ont eu moins souvent accès aux traitements curatifs comme la chirurgie, la transplantation ou l’ablation. En conséquence, leur risque de mortalité est plus élevé, et ce indépendamment de leur lieu de résidence ou de la densité médicale de leur région. Ces inégalités demeurent donc structurelles, profondément liées à la condition sociale.
Le rôle décisif des centres spécialisés
Toutefois, l’étude souligne un élément encourageant : lorsque ces patients étaient pris en charge dans des hôpitaux de référence, leurs chances d’accéder aux traitements efficaces devenaient comparables à celles des patients favorisés. Autrement dit, centraliser les soins dans des centres experts spécialisés permettrait de réduire considérablement les écarts. Les chercheurs estiment qu’une telle réorganisation pourrait augmenter de 25 % l’accès aux soins curatifs pour les malades défavorisés et sauver plus de 800 vies chaque année.
Prévention et information, des leviers essentiels
Au-delà de la prise en charge, les auteurs insistent sur la nécessité d’intensifier les politiques de prévention. Lutte contre l’alcoolisme, vaccination contre l’hépatite B et meilleure prise en charge des maladies métaboliques figurent parmi les priorités. Ils appellent également à mieux informer le public et à former davantage les professionnels de santé. Sans action rapide, le nombre de nouveaux cas de cancer du foie pourrait presque doubler d’ici à 2050, alerte un récent rapport de la Commission du Lancet sur le carcinome hépatocellulaire.
Un enjeu de santé publique et d’équité
Cette étude démontre qu’au-delà des avancées médicales, la justice sociale reste un facteur déterminant dans l’accès aux soins et les chances de survie face au cancer. Pour les chercheurs, réduire ces inégalités doit devenir une priorité nationale, faute de quoi des milliers de vies continueront d’être perdues chaque année, non pas seulement à cause de la maladie, mais aussi en raison du contexte social dans lequel elle survient.